Situation en Hongrie - Éléments d'intervention
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La liberté, la démocratie, l'égalité, la non-discrimination et le respect des droits fondamentaux sont les valeurs essentielles de l’Union européenne.
Si nous sommes prompts à dénoncer les atteintes à ces valeurs lorsqu'elles sont bafouées en dehors de l'Union, c'est plus qu'une exigence éthique de réagir lorsque ces violations se font au sein même de l'Union.
L'immobilisme, l'attentisme, voire la complaisance, projettent une image catastrophique de l'Union européenne dans l'opinion publique et induisent une crise profonde de crédibilité, de confiance et de sens du projet européen car l'Europe ne peut se réduire à un concept économique mais est fondée sur des valeurs démocratiques.
Ce qui se passe en Hongrie est dramatique pour l'idée même du projet européen qui incarne l'humanisme, l'ouverture, la solidarité, le progrès, la justice et l'égalité en un mot l'universalité; le projet européen, c'est le rejet de l'intolérance, du nationalisme, du repli sur soi.
L'indépendance des juges, l'indépendance de la banque centrale, la liberté de la presse, le pluralisme des médias, la liberté de culte, la protection des minorités, la loi électorale, les conditions de l'alternance, en d'autres termes ce qui doit traduire nos valeurs communes sont concrètement remis en cause.
Ces mesures, qui sont traduites en actes législatifs et/ou constitutionnels font basculer un pays européen d'un régime démocratique dans un régime autoritaire.
Désormais, la peur de dire, de dénoncer, d'exprimer une opinion indépendante existe.
On a dépassé les limites du tolérable. On ne peut pas accepter, ce que j'appelle "la tyrannie majoritaire"
Aujourd'hui, nous ne sommes plus face à un discours politique, à des incantations ou à des programmes, comme c'était le cas en Autriche, mais bien face à des actes qui visent à changer les règles de la démocratie, faisant fi des valeurs européennes auxquelles la Hongrie a pourtant adhéré.
On ne peut pas adhérer à l'Union européenne et violer ses principes fondateurs.
A l'époque, suite à l'initiative de mon pays sur le contentieux entre le Conseil et l'Autriche, la riposte européenne avait été immédiate face au discours populiste de Jorg Haider. On avait dans la foulée modifié l'article 7 du Traité pour prévenir les dérives et introduire un mécanisme de sanctions.
Aujourd'hui, nous avons encore plus de raisons de tirer la sonnette d'alarme, de prendre les sanctions qui s'imposent. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à un déni de démocratie, car l'indifférence, comme le disait Jean-Jacques Rousseau, ressemble à la tranquillité de l'État sous le despotisme, c'est la tranquillité de la mort.
Le Parlement européen doit demander l'application de l'article 7, paragraphe 1 du Traité.
Il est plus que temps que la Commission en tant que gardienne des Traités exerce une pression maximale sur le gouvernement hongrois.
Je ne doute pas un instant que tous les partis démocratiques réaffirmeront leur attachement aux valeurs européennes. Je suis convaincu que le PPE ne manquera pas d'être vigilant et prendra les mesures qui s'imposent vis-à-vis de Viktor Orban.
La démocratie n'est pas un pas "un mot creux. Ce sont des réalités concrètes au service des gens". Il ne faut pas confondre légalité et légitimité. La légitimité d'un gouvernement ne se gagne que lorsque ce dernier garantit un espace à l'opposition, quand il garantit un espace et la liberté aux médias, quand il encourage l'émergence de la société civile, quand il préserve l'indépendance de la justice, de la police.
Ce serait mortifère pour l'idée européenne de ne pas réagir et de laisser l'indifférence, cette terrifiante force d'inertie, confondre démocratie et tyrannie majoritaire.
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