Label Nutri-Score
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Le logo Nutri-score est une signalétique lancée fin octobre 2017 en France pour certaines catégories d’aliments. Il est facultatif d’apposition par les industriels et devrait permettre de lutter contre la malbouffe et l’obésité. Son lancement est intervenu après une validation de la Commission européenne qui l’a jugée conforme à la législation communautaire. Une étape qui s’annonçait périlleuse pour le nouveau système d’étiquetage français puisque l’Europe divisée n’a jamais su parler d’une seule voix pour la mise en place d’un meilleur système d’informations nutritionnelles. Les États individuellement se sont donc décidés à aller en rang dispersé à leur échelle vers des mesures plus protectrices de leurs populations.
Face aux pressions que subissent les pouvoirs nationaux, les industriels ont trouvé en l’Europe un terreau plus fertile aux limitations des désirs d’une plus grande transparence des nations.
Une Union Européenne sans ses nations
L’Europe à travers l’UE est devenue un vrai organe de décisions qui légifère pour le compte des nations. Ses décisions s’imposent aux États. L’adoption par la France d’une nouvelle étiquette pour sérier les aliments suivant leurs qualités a ainsi nécessité une étude de conformité des nouvelles dispositions avec celles de l’UE.
C’est le règlement numéro 1169/2011 du 25 octobre 2011 de l’UE qui fixe dans l’UE les règles en matière d’informations sur les denrées alimentaires à l’endroit des consommateurs. Surnommé règlement INCO, il rend obligatoire l’apposition sur tous les produits alimentaires préemballés d’un tableau des valeurs nutritionnelles très détaillé.
C’est à ce règlement que nous devons le caractère facultatif du nutri-score, puisqu’il fixe également les normes de l’étiquetage alimentaire dans l’Union.
Les eurodéputés avaient soupçonné en effet que le tableau d’informations qu’ils enjoignaient aux industriels d’apposer sur les aliments préemballés n’était pas un gage de transparence. Ce tableau noyait pour le bonheur des industriels, les consommateurs sous un flot d’informations et parfois avec des termes scientifiques alambiqués, difficiles de compréhension pour les consommateurs. L’UE avait donc prévu l’ajout d’étiquettes facultatives complémentaires pour faciliter la compréhension tant des qualités que des risques des aliments proposés aux consommateurs. Toutefois, ces étiquettes facultatives ne devaient pas être discriminatoires. Ce dernier point est celui qui a plongé malheureusement les États dans un imbroglio sanitaire et les rend relativement peu hardis devant le lobby industriel. En effet, une bonne information alimentaire qui veut éduquer les consommateurs sur les aliments à privilégier pour leur bonne santé, se doit de discriminer les aliments, sans forcément discriminer les marques.
Le lobbying industriel pour le flou et la malnutrition
Si en France, un groupe d’industriels s’est décidé à apposer le Nutri-score sur ses produits, ce n’est pas le cas de tous. Mieux, ceux qui y étaient opposés ont choisi d’influencer le quitus de la Commission européenne pour cette signalétique.
Si le lobby industriel de l’agroalimentaire a échoué cette fois-ci, ça n’a pas toujours été le cas.
Un milliard d’euros, c’est ce que les industriels de l’agroalimentaire réunis au sein de la CIAA auraient mobilisé pour faire échouer l’adoption en 2010 d’un projet similaire au Nutri-score basé sur les feux tricolores. Il a été recalé en plénière au parlement européen le 17 juin 2010. C’est l’ONG Corporate Europe Observatory qui en plus de nous donner cette information, met à disposition du public un des e-mails qu’aurait envoyé la CIAA aux députés européens. L’ONG nous apprend en outre que des grandes marques telles que Coca-Cola, McDonald’s, Nestlé ou encore Danone qui sont aujourd’hui du nombre de ceux qui s’opposent au Nutri-score, ont commandé deux études visant notamment à démontrer que les consommateurs comprennent correctement les tableaux jugés flous sur les valeurs nutritionnelles des aliments.
Il est bien entendu une excellente chose que l’on associe les industriels pour les affaires les concernant, mais il est à déplorer qu’ils puissent bénéficier d’autant de pouvoir et d’attention des organes qui devraient protéger les peuples. Les industriels mettent plus l’accent sur la responsabilité individuelle des consommateurs plutôt que la leur. À coups de publicité, ils rappellent qu’il leur faut faire du sport pour maigrir alors que les nutritionnistes jugent qu’il est impossible de de perdre du poids durablement, si le projet n’est pas accompagné d’un contrôle plus rigoureux de la qualité des aliments.
À quand un Nutri-Score européen et un contrôle de la publicité
Après l’échec de l’initiative de l’étiquette aux feux tricolores en 2010, l’Europe semble avoir depuis abandonné l’idée d’une réglementation commune pour une meilleure transparence de l’information alimentaire. Pourtant les raisons se font aujourd’hui bien plus pressantes qu’hier.
Le 23 avril dernier, la Commission européenne organisait une rencontre de travail avec les industriels de l’agroalimentaire pour discuter d’un prochain étiquetage FOP (Front of pack).
L’Europe tente ainsi d’endiguer la floraison d’initiatives nationales en la matière. En effet, outre le Nutri-score français, il existe également un système dit des feux tricolores au Royaume-Uni, un autre logo dit des trous de serrure aux Pays-Bas.
Cette initiative n’est pas pour déplaire le lobby européen de l’agroalimentaire. Pour FooDrinkEurope, cette pluralité d’étiquetage laisserait les consommateurs dans une plus grande confusion. Si le contenu de ces échanges n’a pas filtré, la satisfaction des industriels laisse présager une prise en compte de leurs intérêts qui pourtant s’opposent à ceux des consommateurs. Nous suivrons avec grand intérêt la Commission européenne qui envisage légiférer à nouveau en la matière. On espère qu’elle prendra en compte la simplicité à succès du Nutri-Score saluée par l’Organisation mondiale de la santé même. Il n’est pas exclu que le contrôle de la publicité alimentaire échoit à la prochaine réglementation. C’est seulement à cela que la protection du consommateur sera jugée complète puisque l’impérieuse nécessité de perdre du poids a donné vie à un perfide écosystème. Draineurs amaigrissants, pilules coupe-faim et régimes minceur tels que Anaca 3, de l’avis des nutritionnistes, auraient des effets controversés.
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